mercredi 30 avril 2008

Le 13eme travail d´Hercule: du Choquequirao au Machu Picchu

Allin punchaw! Bonjour, en quechua évidemment!

On quitte Cuzco pour le dernier trek du voyage. Celui-ci part du village de Cachora (près de Cuzco) passe par le site inca du Choquequirao et termine sur le célèbre Machupicchu. Ce trek, long et difficile (en raison de l´altitude) s´effectue à l´aide d´une mule et de son propriétaire pour porter les sacs. On a choisi de ne pas s´inscrire sur les longues listes d´attente de l´Inca trail puisque c´est un concentré de tout ce qu´on aime pas: encadré par des agences, 200 personnes par jour sur le chemin, on se fait porter les sacs par les mules et les repas sont préparés par les cuistos... Bref, c´est pour les assistés.
A Cuzco, on achète les provisions pour le trek qui doit durer 10 jours : beaucoup de pâtes et 15 lts d´eau (pas suffisant pour 10jrs mais on compte en racheter à Cachora). Contrairement à la Patagonie où l´eau des ruisseaux était excellente et abondante (direct des glaciers!), ici l´eau est plus rare et pas souvent potable. Compte tenu de cette information il nous est donc impossible de faire le trek par nos propres moyens. Au croisement pour Cachora où nous dépose le bus, on attend, comme les péruviens, le colectivo (ici, taxi collectif) et on refuse le taxi à touriste. La voiture (un break toyota) arrive avec déja 2 personnes à l´avant (dont le chauffeur) et 3 à l´arrière (dont une petite fille). Un couple de personnes agées montent alors. C´est complet pour nous. Et ben NON! Les sacs vont sur le toît, le vieux dans le coffre entre les tonnes de bagages qui s´empilent et moi et Gaétan à l´arrière.Vive le Pérou! Un peu plus loin on prendra même un autre passager qui montera... devant! On est 9!
Le chauffeur nous dépose chez une loueuse de chevaux. La femme est très gentille et nous offre même le coucher de ce soir et le repas du midi. Suite à une discussion avec elle à propos du circuit qu´on souhaite réaliser, on se rend compte que nos gigantesques réserves d´eau sont un
peu inutiles et qu´on peut acheter à manger et à boire à chaque campement. Nous voila face à un
choix: partir seuls ou avec une mule qui porte tout notre stock? On hésite longuement sur la marche à suivre. On finit par décider de contrater l´arriero (mulier) jusqu´au Choquequirao puis de là voir. Ce dernier, Vicente, est jeune; 18 ans selon sa mère, 15 selon nous et on se méfie un peu. Et en plus il faut le nourrir et on est pas sur que nos provisions suffiront.
Pendant le début de soirée à Cachora on discute avec les enfants du village pour connaitre un peu plus leur quotidien. Tous ne vont pas à l´école et quand ils y vont c´est seulement le matin. L´après midi est consacrée à jouer et à aider les parents. Les plus petits sont aussi les plus sales. Ils sont habitués à jouer dehors sans la surveillance des adultes dès qu´ils savent tenir debout. Leurs maisons sont construites en adobe et donnent l´impression d´avoir été construites par les parents (ce qui est peut être le cas). La vie du village s´articule autour du travail dans les champs.
Le lendemain matin (la nuit porte conseil) on est déja dans l´optique de continuer la route seuls après le Choquequirao (c´est à dire après 2 jours de marche) . Les 10 premiers kilomètres sont plats et très agréables. Au premier col on aperçoit déja, au loin, le Choquequirao. On descend ensuite 1000 m pour traverser le rio Apurimac. Dans le canyon il fait très chaud. Il nous reste ensuite 600m de montée (5kms) que nous plions en 1h. Cette introduction nous a montré que la suite allait être costaud mais on est bien décidé à continuer seuls à partir du 3eme jour. Ce sera plus marrant et un défi de plus à relever (le dernier du voyage). Et nous les défis on y a pris goût!
Le soir au campement on fait bouillir 5 lts d´eau pour la rendre potable (elle prendra le gôut de la fumée et restera imbuvable...). On est pas fatigués mais on fait péter 800grs de pâtes pour alléger les sacs. Vicente se révèle un garcon bien sympatique mais on lui fait part de notre décision de continuer seuls. Pas de problème pour lui, il nous dessine même un plan de l´itinéraire à suivre.
Le lendemain après 2h de montée (sec!) on se sépare de Vicente et de notre mule qui ne peuvent aller au campement sans payer l´entrée du site que nous atteindrons, seuls, 2h plus tard (4kms) et en sueur! On prépare des pâtes à l´ail pour combattre les moustiques et on se frotte même le visage et les mains avec les gousses, ça marche encore mieux! Grand luxe, la douche à l´eau glacial du rio. C´est mieux que rien. Travailles ton mental! Pas de bol pour Alexia, elle sera assaillie par les moustiques sous la douche et en ressort propre, mais couverte de piqures. Cher payé!
Le jour suivant est consacré à la visite du berceau de l´or (Choquequirao). Considéré comme le 2eme Machupicchu, la cité a été découverte 70 ans avant (1834). C´est seulement dans les années 1990 que les archéologues s´y réintéressent et démarrent la mise en valeur du site. Détruit par les conquistadores, il ne reste que 20% des vestiges intacts, le reste a été reconstruit par des ouvriers. L´aspect le plus intéressant car unique en son genre, réside dans les lamas de pierres blanches incrustées dans les terasses. Le site ne présente pas d´autres originalités et manque de lieux religieux aux pierres finement taillées.
La siuation géographique en revanche lui donne de la splendeur. La cité se fond dans le paysage silvestre et montagneux. Les différentes ruines sont éparpillées sur les flancs de la montagne et en se rendant à la maison des sacerdotes on rencontre 2 faucons. L´un d´eux nous survole de très près. Waouh!! Au 2ème passage il pique carrément sur nous! On se protège juste à temps pour qu´il redéploie ses ailes et reste à distance raisonnable. Alexia part en courant de crainte d´une deuxième attaque, tandis que Gaétan en redemande! Plus tard on les verra chasser un oiseau et le dévorer, perchés sur une branche. A partir du jour suivant, on doit porter nos sacs, c´est le début de la véritable aventure! L´étape s´annonce longue et difficile. On la fera en 2 jours campant dans le fond du canyon et laissant la montée pour le lendemain. Notre avancée est beaucoup plus laborieuse et lente avec tous ces kilos sur le dos mais lorsque l´on croise 2 touristes de notre age montés sur leurs chevaux et guidés par un arriero et un cuisinier à pied; ou encore cet autre au campement sirotant son maté bien assi sur sa chaise pliante en face de sa table avec ses 3 mules, son cuisinier et son guide, on oublie notre fatigue bien vite...
L´après midi est consacré à la baignade dans le rio, pas si froid et bien appréciable quand le manque de douche se fait sentir. A la nuit tombée on rentre vite pour éviter la chauve souris du canyon, parait-il très agressive... La montée du lendemain ne commence qu´à 15hoo pour éviter la chaleur. Seulement voila, à 17h30 on est toujours pas arrivés au campement et la nuit tombe déja. On décide alors de planter la tente dans un enclos à cochon, seul endroit plat qu´on a trouvé en chemin. 3h n´auront suffit pour venir à bout des 1000m de dénivelé.
L´avantage c´est qu´on est seuls au campement (avec les cochons...). Au petit matin on se dépêche de rejoindre Maesal (ce village se constitue d´une seule famille...), notre objectif de la veille. Petit déjeuner préparé par la fermière c´est à dire riz, patates et oeufs! Avec ça tu grimpes comme un lama! Et on a bien grimpé en effet. On arrive au col (4200m), crevés par le poids des sacs et le manque d´air. La montée aura durée 3h30, traversant la forêt subtropicale et empruntant un chemin inca, en pierres évidemment!
Le panorama depuis le col est à la hauteur de l´effort qu´on a fourni. Les nevados de 5800m nous font face: c´est une belle pause déjeuner!





















On descend ensuite sur Yanama, 400m plus bas où nous campons dans le jardin d´une famille de paysans. Douche froide une nouvelle fois mais douche quand même! On tape la discute avec la mère de famille. Dans la maison-cuisine (ah oui ya une cabane pour la cuisine, une autre pour dormir) se balladent les cuy (à prononcer comme les parties génitales lol) avant de terminer dans les assiettes. Ce sont en fait des cochons d´Inde. Il n´y a pas d´électricité dans ce village et on s´éclaire grâce à notre lampe torche. On troque la deuxième lampe contre le souper du soir, c´est notre BA!
Après un petit déjeuner dans la cabane de la famille, on part à 7h30 à l´ascension du plus haut col du trek: 4700m. Tout se passe à merveille et à midi on atteind l´objectif. La dernière heure nous a coupé le souffle à cause de l´altitude mais on est en haut avec nos sacs. C´est un bel effort qui nous vaut l´admiration des trois belges présents au sommet mais allégés du poids de leurs sacs par les mules qui les accompagnent.
On redescend sur Totora à 3500m pour camper. L´accueil de ce soir est assez rude. Les amis de la famille n´ont pas l´air d´aimer les étrangers. Les gens de la région ne veulent pas nous apprendre des mots de Quechua, surement pour pouvoir continuer à parler entre eux sans qu´on les comprenne. Belle mentalité! Ils sont gentils mais ne veulent pas partager plus que les traditionnelles banalités des présentations. Le 8eme jour ca descend gentillement et au bout de 2h on barbotte dans les piscines thermales de Collpapampa.

Personne ne viendra nous déranger à part la vieille qui au bout d´une heure nous demande de sortir. Genre on abuse... On se remet donc en route.
Les dernières heures sont très pénibles, on en a marre, on est fatigués et on a vraiment hate d´arriver. Pour finir, on arrive enfin à Playa, village qui ne vit que de la manne des touristes qui y terminent leur trek. C´est donc moche.
On refait le plein de vivre pour les 2 derniers jours qu´il nous reste jusqu´à Aguas Calientes, le village au pied du Machu Picchu. La plupart des touristes avec leur agence s´arrêtent ici et partent à Aguas Calientes en bus. Mais nous on a la foi! Plus que 3 jours selon nos calculs! On campe devant les mini restos sur une parcelle d´herbe, faute de mieux. On ne le sait pas encore mais c´est en fait notre avant dernier jour de trek. Après 2 attaques de chien repoussées on entame la montée vers le centre cérémoniel de Llactapata, que nous atteignons en fin de matinée. On a tout le temps nécessaire de redescendre ce soir sur Aguas calientes. Yesss! De Llactapata on jouit d´un point de vue bien mérité sur le Machu.
On autosalue notre tenacité et notre persévérance en cuisinant presque toutes les pates qu´il nous reste ! Faces au machu Picchu c´était un peu comme une offrande qu´on faisait là, un remerciement à la Pacchamama (la terre merre) ! Tiens, des pâtes sauce napolitaine ! La descente sur Aguas Calientes se terminera en train, trop crevés pour longer les rails pendant 2 heures. Super ségrégation tarifaire et même spaciale sur le billet de train. C´est le carton rouge! À Aguas calientes on dort dans un lit. C´est tellement douillet qu´on aura du mal à se lever le lendemain à 3h30 pour monter au Machu dans la nuit.
L´idée est de terminer comme il se doit ce trek avec un chemin inca de pure montée sado masochiste débouchant sur le Machu Picchu. Ca a failli ne pas se faire à cause d´un malentendu au milieu de la nuit mais voila, on part à 4h30 sur les chapeaux de roue. Le premier bus arrivera en haut à 6h, on doit être là bas avant coûte que coûte. On trace donc comme des malades à la lumière de la lampe torche. Là! C´est le chemin inca qu´on doit prendre! Les marches sont toutes plus hautes les unes que les autres, on a aucune idée de notre position par rapport à l´arrivée alors on avale ces satanées marches jusqu´à perdre notre souffle et se noyer dans notre sueur. A un moment Che nous rejoint; pourquoi maintenant? Comment? En tout cas la prophétie s´est réalisée et il est revenu au matin du 10ème jour ! (Seuls les anciens porteños comprendront ce passage là lol) On aperçoit les terasses du Machu entre 2 lacets, on y est ! Il est 5h30, le chrono a été pulvérisé, nous aussi.















2 argentins nous accueillent, eux aussi en sueur. Il ne faut pas beaucoup attendre avant que les premiers bus ne débarquent. En 1/4 d´heure on passe de 10 personnes à l´entrée à 100 ! Ca a beau ressembler à Disneyland sur les bords, la cité (et même le prix exhorbitant !) ainsi que la marche pour y parvenir en valent vraiment la chandelle.

Les vestiges sont très bien conservés, les temples nombreux et le cadre naturel finit de nous envouter. Vous voyez la montagne du fond? C´est le Huayna Picchu; on y est monté aussi, histoire de se finir bien comme il faut !

Depuis, on est allé se reposer à Arequipa, la 2 eme ville du Perou. Ca vaut pas Cusco mais c´est sympa quand même. Actuellement nous sommes en Bolivie, à La Paz. Le compte à rebours à commencé. Dans 15 jours c´est le retour à la vie argentine et dans pas beaucoup plus à la vie française. Avant ça on termine de découvrir la Bolivie.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

votre voyage se termine en beauté
blog toujours aussi époustouflant!
j'ai commeencé le compte à rebours j-19 çà va être la fiesta!!!!!

Maguy

Anonyme a dit…

wahou !!
félicitations !!

profitez bien e vos derniers jours en amérique latine
a+

titou

Anonyme a dit…

Bravo à vous !!! franchement, c'est super sympa à lire votre blog. On s'y croirait. TERRIBLE !!!

Unknown a dit…

Excellent, magique et tellement sympa

bon retour !
raph

Mathieu a dit…

euh la j'en reste sans voix!
Chapeau bas! Magnifique recit!
Aller profitez bien de vos derniers moments ici!!

tchousssss

Mathieu

Unknown a dit…

Wahoouu! encore un post qui coupe le souffle! super ce récit!
bravo vous êtes toujours aussi courageux...
gros bisous à vous deux.
Lulu